The Everglades National Park
S’il y a peut-être une étape dont nous n’attendions pas spécialement grand chose avant d’y arriver, c’est sûrement celle des Everglades. Nous avions un peu regardé ce qu’il était envisageable de faire, se notant quelques points d’intérêts accessibles dans notre timing, et avions laissé un peu de place à des imprévus qui pourraient rythmer cette journée. Notre seul impératif était de rejoindre le nord d’Everglades City avant 11h, heure pour laquelle nous avions réservé un tour en Airboat, en essayant de se fier aux différents avis présents sur Internet. Cela nous avait permis de privilégier les compagnies les plus à l’Ouest, celle à l’Est, plus proches de Miami, étant à priori plus sollicitées et du coup moins authentiques ou plus chères. Parmi celles-là, nous avons arrêté notre choix sur Everglades City Airboat Tour, prétendument la compagnie historique d’Airboats. Nous n’avions ici pas de billets combinés avec une démonstration avec des alligators, ou couplé à une entrée possible dans un parc s’apparentant davantage à un zoo improvisé, et cela nous allait très bien. Nous venions pour un tour dans la mangrove, pour vivre cette expérience, et cela a été plutôt réussi. Notre guide n’a pas hésité à parfois couper le moteur pour nous expliquer quelques subtilités de la faune ou de la flore locale, nous indiquer les animaux voulant bien se montrer à nous malgré le bruit très conséquent du bateau, ou encore à enchaîner des passages plutôt rapides avec des passages plus lents permettant d’apprécier cet environnement si particulier. Pour un peu moins de $50 par personne, taxes incluses, nous avons fait un tour relativement correct d’une heure, avec néanmoins la sensation parfois de perdre du temps dans des zones où l’on aurait pu avoir la possibilité de voir un lamantin par exemple, en vain, ou dans les zones à vitesse réglementée, grandes et nombreuses aux abords de l’embarquement. La sensation de l’hydroglisseur n’a en revanche que peu de point de comparaison, on s’est parfois retrouvés à glisser dans un virage, frôlant les branchages devant nous, avant de faire un demi tour sur place en une fraction de seconde sur un bassin plus ouvert. De ce côté-là, on a vraiment adoré.






Il avait repéré une autre pièce du puzzle de l’Histoire de la Floride, non loin des départs en hydroglisseurs d’Everglades City, il s’agit du Smallwood Store à Chokoloskee. C’est un bâtiment construit en bois sur pilotis, en 1917, par Ted Smallwood, servant initialement de bureau de poste, puis finalement de relais à tous les besoins des populations locales. Y entrer (en s’acquittant de $5 par personne, tout de même) c’est en quelque sorte replonger dans l’histoire de cette zone isolée des Etats-Unis au début du siècle dernier, et c’est ainsi comprendre la dépendance des personnes vivant dans des zones isolées à ce genre d’infrastructures. Que vous soyez attirés par les antiquités, curieux, ou juste de passage, nous ne pouvons que vous conseiller d’y faire une courte pause, le temps de s’imprégner du lieu, et d’y découvrir encore un bel exemple d’adaptation de l’Homme et un autre visage des Everglades.






Notre guide nous avait indiqué lors du tour en Airboat que pour voir des alligators, il fallait poursuivre vers l’Est, et rejoindre les zones d’eau douce, plus chaudes, et ainsi plus prisées par ces animaux. Il nous aura d’ailleurs recommandé un arrêt à HP Williams Roadside Park, où nous apercevrons effectivement nos deux premiers spécimens de la journée, assez pessimistes quand au fait d’en voir d’autres, ou de les voir mieux. Mais heureusement pour nous, nous étions finalement loin du compte. Et l’une des vraies bonnes surprises de la journée aura été la Loop Road Scenic Drive, dans la Big Cypress National Preserve, un détour bienvenu nous permettant de quitter cette interminable ligne droite reliant Everglades City à Miami, qui n’a d’intérêt que de rallier ces villes rapidement. Nous roulions à ce moment-là en décapotable, ralentissant pour respecter la vitesse maximale de 25mph pour la Loop Road, et autant vous dire que nous n’avons pas tardé à nous arrêter, dans un premier temps pour remettre un toit au-dessus de nos têtes avant d’être plein de poussière, pour repartir ensuite à toute petite vitesse lorsqu’Elle verra son premier alligator de la Loop Road, nous confirmant ainsi l’intérêt indéniable de ce détour. Nous n’avons plus atteint les 25mph dans l’heure qui a suivi, chassant les clichés d’alligators, parfois nombreux au même endroit, parfois impressionnants de par leur taille, tout en n’oubliant pas de notre côté de rester prudents, face à cet environnement ne nous étant pas familier. Clairement, il y a certaines règles à respecter, comme conserver une distance minimale de 4,5m avec les animaux. Assurément, cette règle n’est pas toujours respectée, notamment par des touristes trop obnubilés à l’idée de voir de toujours plus près… Pour notre part, on préfèrera rester dans la voiture, et faire nos photos sans nous préoccuper de scruter partout pour ne pas se faire surprendre par quoique ce soit, surtout que notre rythme n’était alors plus que de quelques miles/heure, et il fallait tout de même que l’on puisse apercevoir le parc des Everglades en lui-même !










C’était, en effet, l’aspect un peu déroutant de cette étape. Nous avions déjà vu tellement de choses dans cette journée, tant de paysages annonciateurs des Everglades, que nous avions la sensation d’être entrés dans le parc depuis le début de la journée. Possédant pourtant plusieurs entrées, nous n’en avions franchi jusqu’alors aucune, et commencions à nous demander si nous allions pouvoir encore en profiter. Finalement, un peu avant 16h, nous ferons cap au Sud après avoir à nouveau quitté la route principale, et arriverons au poste des rangers, marquant l’entrée de Shark Valley, la plus au Nord du parc. Nous échangerons brièvement avec la ranger en poste, qui nous expliquera que nous n’avons plus que deux heures devant nous pour visiter le parc pour cette journée. N’ayant pas trop le choix, nous acceptons et payons les $30 d’admission du parc (valables pour 7 jours pour information), avant d’arriver au Visitor Center. C’est là que nous apprenons que le peu de repérage que nous avions fait pour cette visite était intenable dans le timing que nous avions, et que l’on se voit ainsi proposer l’aller-retour en navette jusqu’à la tour d’observation (à l’extrémité Sud de Shark Valley) afin d’en voir un maximum. Evidemment, il faudra s’affranchir à nouveau de $28 par personne, ce qui n’est clairement pas donné, mais nous relativiserons en vivant une expérience inédite et en en apprenant énormément sur l’écosystème des Everglades en seulement 2h, grâce à la combinaison guide/conducteur, nous permettant de voir et comprendre la faune et la flore que nous apercevrons.
En résumé, on a un peu eu l’impression de devoir mettre la main au porte-monnaie plusieurs fois faute de quoi notre visite n’aurait pas valu le coup. On ne peut quelque part n’en vouloir qu’à nous-mêmes, mais avoir plus d’informations au poste de garde nous aurait donné davantage de perspective. En dehors de cela, Everglades NP est un incontournable de la Floride, ne serait-ce que pour comprendre l’importance de préserver ce qu’il est encore possible de cet environnement exceptionnel. En dehors des alligators, nous aurons vu de magnifiques spécimens de hérons, certains en pleine chasse de poissons ou même de bébés alligators, un superbe héron vert, dont nous n’avons malheureusement pas pu tirer le portrait, faute de batterie sur l’appareil photo, ainsi que des anhingas, des oiseaux pêcheurs dont le plumage n’est pas imperméable, et qui doivent ainsi sécher leurs ailes après avoir pêché. Nous apprendrons ainsi, que cela leur permet d’être d’excellents nageurs et de rester plus longtemps sous l’eau à la poursuite de leurs proies. C’est vraiment satisfaits de ces explications que nous quitterons le parc, alors qu’il fermait, n’oubliant pas que notre manque de préparation sur ce point, ainsi que le manque d’informations disponibles nous auront fait passer à côté de certaines choses (comme notamment la possibilité de monter tout en haut de la tour d’observation, fermée à mi-hauteur).









Vous l’aurez compris, il était déjà 18h, nous avions encore pas mal de route devant nous afin de rejoindre le Sud de Miami, et nous avons décidé de rejoindre l’axe principal, direction plein Est, avant de nous rendre compte que le pire était clairement à venir pour cette journée de route. Le trafic n’aura cessé de s’intensifier à l’approche de Miami et nous tarderons à rejoindre notre chambre. Nous savions que la journée du lendemain serait sportive également. Avec ce petit détail qu’en plus la météo ne serait pas vraiment au rendez-vous…
The Keys
Dernier jour de ce RoadTrip en Floride, nous souhaitions garder le meilleur pour la fin. Et en cela, les Keys nous paraissaient être une valeur sûre. Alors soyons clairs, c’est un incontournable de la Floride, ne serait-ce que pour atteindre le Mile 0, le point de départ de la Highway 1, ou encore faire un selfie devant le Southernmost Point, point le plus au Sud des Etats-Unis. Mais on aura surtout eu l’impression de faire de la route, encore de la route, et toujours de la route, sans pour autant vivre l’expérience unique que nous espérions. La météo n’y était pas pour rien, la moitié de la matinée ayant, au mieux, été grise, au pire, carrément pluvieuse, mais en fin de compte, l’impossibilité de dormir dans les Keys, afin de préserver le budget, aura un peu terni le ressenti de cette journée.




Notre premier arrêt se fera à Marathon, une ville en plein cœur des Keys, là où les îles commencent à prendre une proportion suffisamment petites pour que l’on se rende compte qu’on les enchaînent et pour enfin apercevoir des ponts intéressants au-dessus de l’océan. C’est là que se situent deux arrêts que nous voulions faire, le Dolphin Research Center, et le Turtle Hospital. Nous les avions repérés de par leurs engagements, et cela nous paraissait être un moyen à la fois simple mais responsable de voir des dauphins et des tortues. En ce qui concerne les dauphins, il est vrai que des spectacles sont proposés et que l’on peut s’interroger sur l’aspect vertueux du centre, mais on comprend bien que s’occuper de ces animaux demande énormément de ressources, et tous proviennent de centres où ils n’étaient pas dans de bonnes conditions ou ont été sauvés du milieu naturel, n’étant pas en mesure de s’en sortir par leurs propres moyens. Cela nous aura ainsi permis d’en apprendre un peu plus sur ces animaux et mieux comprendre les motivations de ces centres de recherche. Pour le Turtle Hospital, nous n’avions pas réservé, et c’était une erreur. La visite en valait à priori la peine, mais si vous souhaitez avoir l’occasion de la faire, n’hésitez pas à réserver au moins la veille, à condition d’avoir une idée de votre timing. Les locaux ainsi que les messages et affiches que nous avons pu apercevoir jusqu’à l’accueil nous ont également paru instructifs et axés sur la sensibilisation et le respect de ces animaux pour la plupart menacés.








Pour le repas du midi, c’est une très bonne surprise, complètement en dehors des sentiers battus, que nous dégotterons en quelques minutes de recherche sur Maps. C’est aussi cela parfois un RoadTrip, une bonne trouvaille, un petit resto simple, servant poisson frais et spécialités des Keys. C’est là l’essence même de Key’s Fisheries, au bord de l’eau, à proximité directe des bateaux de pêche. Ici, on vous posera une question surprenante, dont la réponse sera en fait le moyen pour la gérante de vous convoquer au comptoir pour récupérer ce que vous aurez commandé. Il fallait y penser ! Cette fois-là, on vous demandait votre fleur préférée, en ne sachant pas toujours comment interpréter votre réponse, mais l’idée était là, et la très bonne nourriture également. N’hésitez donc pas à y faire un tour si comme nous vous finissez par avoir un petit creux à mi-chemin. Ah, et si jamais, préférez nourrir les poissons plutôt que les oiseaux, c’est une façon originale de voir les choses, ou un bon business-plan pour un restaurant de fruits de mer…

Nous repartirons vers l’extrémité Sud, passant le Seven Mile Bridge, avant de s’arrêter à Bahia Honda State Park. Ici, moyennant $8 pour entrer dans le parc, vous pourrez choisir entre vous baigner le long de jolies plages ou vous balader jusqu’à l’un des derniers tronçons encore bien visible de l’ancienne route des Keys. Cela mérite clairement le détour, étant pour nous l’un des incontournables de l’histoire de ces îles. Pour entrer un peu plus dans le détail sur ce point, c’est début 1900 que les îles ont été reliées par une voie ferrée, achevée en 1912, détruite partiellement en 1935 par un ouragan, transformée en route en 1938, et modernisée dans les années 1980, où certains ponts ont été remplacés, notamment par le Seven Mile Bridge. Pour en revenir à notre expérience, le vent bien trop fort ce jour-là, ainsi que les drapeaux rouges le long des plages, nous passeront clairement l’envie d’approcher du sable et nous nous contenterons d’aller contempler les vestiges dont l’accès est bien plus que limité, mais permet néanmoins de mieux comprendre l’évolution de ces voies.







Enfin, nous voilà à Key West, on vous passe la route entre Bahia Honda et la pointe, il n’y a trop rien de spécial à en dire, ou alors on s’habitude aux belles choses, c’est discutable. Nous avions choisi un parking couvert, afin de ne pas trop perdre de temps à la recherche du spot idéal, mais il y avait probablement plus central pour se garer. Key West, c’est finalement assez déroutant, on a parfois du mal à se dire qu’on est encore aux Etats-Unis, l’ambiance paraissait presque plus cubaine qu’américaine, et au beau milieu de l’après-midi, les bars et restaurants étaient bondés, la musique au taquet, et l’insouciance omniprésente. Comme dit, nous relierons les différents points que nous avions repérés pour Key West, à savoir le Mile 0, le Southernmost Point, où nous serons surpris de voir les gens faire la queue pour un selfie de cette borne, et préférerons jouer sur l’angle de vue pour ne pas y passer l’après-midi. Il, goûtera la Key lime pie, fameuse tarte au citron des Keys, dans la prétendue boutique où cette spécialité aurait vu le jour, en 1856, rien que ça ! Nous verrons la maison d’Hemingway, qui habita là une douzaine d’années entre 1927 et 1939 et en profita pour écrire plusieurs romans célèbres mais n’aurons pas plus que ça l’envie de la visiter (ni de dépenser les $17 par personne). Nous aurons finalement préféré profiter du temps qu’il nous restait pour nous imprégner de l’atmosphère particulière de bout du monde qui régnait un peu partout au centre de Key West. L’heure avançant, et les kilomètres nous séparant de Miami étant bien trop nombreux pour les compter, nous déciderons de retrouver notre Mustang, pour un dernier gros trajet. C’est sur la route du retour que nous ferons une petite pause chez Twisted Shrimp, pour profiter d’une dernière corbeille de crevettes pour ce voyage riche en Seafood. Nous la dégusterons sur un bateau reconverti en table, comme un dernier cliché à cette journée en demi-teinte, faite de bonnes surprises, de quelques regrets, d’une météo changeante et parfois même triste, comme un dernier crochet dans ce RoadTrip qui s’achevait le lendemain.
Les Keys auront donc eu la difficile tâche de nous garder optimistes, malgré la météo capricieuse et le retour arrivant à grandes enjambées. Clairement, pouvoir s’y baigner, pouvoir contempler l’eau turquoise, approcher les tortues, aurait changé cette expérience. Mais nous en avons tiré le positif, et pouvons maintenant vous en transmettre nos conclusions au travers de cet article…













