Danemark – 2021 – Jutland

Cela faisait maintenant de nombreux jours que nous traversions le Danemark, en long, en large et en travers. Et pourtant, il n’avait pas encore fini de nous surprendre. Autant positivement qu’un peu moins parfois, un peu sans le vouloir probablement. Rømø est l’une de ces déceptions. En effet, nous sommes convaincus que si l’île doit offrir de superbes panoramas, et permettre de vivre une expérience assez unique par beau temps, la météo offerte ce jour-là nous aura donné une seule envie, celle de rejoindre notre chambre et d’y rester au chaud. Après avoir fait la jonction entre Middlefart et Rømø par les grands axes, pour ne pas perdre trop de temps, nous avons emprunté la bande de terre reliant l’île au continent, n’y voyant pas grand chose, le ciel étant bouché et l’horizon timidement cachée derrière une épaisse brume au large. Nous ne descendrons pas beaucoup de voiture, mais en profiterons quand même pour apercevoir un squelette de baleine, manger nos sandwichs dans la voiture, directement depuis la plage, sur laquelle les plus courageux s’aventureront très loin de l’entrée encore goudronnée. Quelques minutes après notre arrivée, nous ne distinguions déjà plus rien à travers le pare brise balayé par les trombes d’eau tombant ce jour-là, mais nous passions un coup d’essuie-glace de temps à autre, pour contempler les cerfs-volants au loin, les plus téméraires descendre de voiture, ou d’autres y revenir, bien contents.

Avant de repartir, nous nous arrêterons non loin de la route, pour apercevoir d’autres vestiges de l’Histoire danoise, des bunkers, datant de la seconde guerre mondiale, autour desquels aujourd’hui, la nature a repris ses droits. Un peu à l’image de ce que nous avions vécu jusque là, la liberté de progression dans ces vestiges paraissait quasi-totale, assez déroutante par rapport à ce que nous connaissons par chez nous. Mais nous ne serons pas allés bien plus loin que les quelques cavités directement accessibles, n’étant pas particulièrement équipés pour de l’exploration. C’est tout de même là un endroit assez étonnant et différent de tous les paysages que nous avions pu découvrir jusqu’ici, avec des paysages presque lunaires parfois, balayés par des vents intraitables, sans aucune présence humaine visible à des kilomètres.

Nous ne pensions pas cela possible ce jour-là, mais il s’est finalement arrêté de pleuvoir à un moment, juste le temps pour nous de visiter Ribe, un village au charme fou, préservé, et avec une richesse architecturale que nous n’imaginions pas au moment où nous laissions la voiture sur un petit parking avant de partir explorer. Ainsi, l’Histoire de la ville et sa préservation actuelle en font un magnifique exemple de ce à quoi pouvait ressembler le Danemark plusieurs siècles auparavant, et plusieurs bâtiments impressionnent lorsqu’on la parcoure. A commencer par son écrasante cathédrale, plantée au beau milieu d’une immense place à l’échelle de ce village, puis avec l’hôtel de ville, l’église non loin, et les ruelles typiques. Ribe nous a davantage paru être un musée à ciel ouvert qu’une ville encore habitée. Certes, le fait qu’on la visite en fin de semaine n’y est pas pour rien, les Danois ayant une vision un peu différente des horaires d’ouverture les weekends, la plupart des commerces était fermée à ce moment-là.

C’est vers notre chambre de ce soir-là que nous prendrons la route, encore loin d’imaginer que nous ressortirons peu de temps après être arrivés pour partager quelques moments insolites avec notre hôte, disposé à nous faire partager des instants de vie avec les animaux de sa ferme. C’est donc avec la découverte d’une portée de chiots que nous échangerons quelques mots avec ce dernier, nous encourageant à profiter de l’instant, et des choses simples. Cette proximité avec l’habitant aura été notre petit rayon de soleil après une journée presque suffisamment arrosée pour compenser la météo plutôt clémente que nous avions eu jusqu’alors.

Le lendemain, c’est très tôt que nous reprenons la route, ayant plein d’arrêts à faire, et surtout énormément de route, l’option panoramique n’en étant pas une pour ce trajet. En effet, cela faisait des semaines qu’Il travaillait sur ce voyage, et c’est entre Ribe et Skagen qu’il espérait être le plus surpris par la beauté implacable des paysages danois. En ligne droite, il nous aurait fallu environ 4h pour rejoindre la pointe Nord, mais par le littoral, c’est plutôt 6-7, il ne fallait donc pas traîner. Esbjerg aura été la première ville traversée, et un arrêt imprévu, lorsque nous avons été surpris par les imposants navires baignant dans le port. Nous reprenons la route, et ne tardons pas à atteindre les premières bandes de terres entre la mer et des fjords ou des lacs. Vous décrire cette route est presque indescriptible, mais rien que le voyage, rien que profiter de ces paysages, les voir défiler, pendant des heures, nous aurait suffit ce jour-là. C’était l’un des visages du Danemark que nous attendions, il était là, véhiculant une sensation de liberté, de s’arrêter où l’on veut, quand on veut, de juste se laisser guider par la route. Juste avant cela, nous avions traversé des hectares entiers de terrains militaires, sur lesquels il était assez facile de repérer les sillons des chars dont les panneaux nous avertissaient d’une potentielle présence au détour d’un virage. Cette journée se sera révélée être une succession d’arrêts plus ou moins attendus. On vous recommande le pont circulaire sur le lac de Filsø, le passage par Thorsminde, le crochet par l’Oddesundbroen afin d’éviter le ferry en restant sur le littoral, l’arrêt au phare de Bovbjerg pour admirer la vue en contrebas, le détour par Bulbjerg pour voir et entrer librement dans des bunkers surplombant les plages, avec au passage un aperçu d’immenses éoliennes alignées dans un centre d’essais.

La liste de toutes les choses vues ce jour-là est encore longue, et rien ne pourrait résumer ici ce voyage dans le voyage. Nous avons profité des dernières lueurs du jour pour atteindre le phare de Rubjerg Knude, à l’histoire surprenante. En effet, ce dernier allait finir par disparaitre à cause du rivage perdant progressivement du terrain sur la mer. Il a été déplacé en 2019 grâce aux efforts d’une équipe ayant trouvé le moyen de le renforcer et de le déplacer 70 mètres plus loin, à l’abri pour un bon moment. Si la nuit nous a empêché d’en prendre la pleine mesure, pouvoir l’approcher, au crépuscule, en présence de seulement quelques autres personnes, puis faire le chemin du retour à la lumière de notre frontale nous laissera forcément un souvenir inoubliable d’une journée n’en manquant déjà pas. A ce moment-là, nous ne pensions plus être encore aussi loin de notre point de chute, et c’est la seule petite désillusion de cette journée. Il nous aura en effet fallu encore quasiment une heure pour rejoindre Skagen, dans la nuit noire, sur des axes très peu empruntés. Cela n’aura fait que renforcer cette impression d’arriver au bout du monde.

Skagen, le bout du Danemark, presque le bout du monde en fait. Le point Nord de notre voyage, celui que l’on avait mis tant d’énergie pour rejoindre la veille, et qui allait encore nous réserver de belles surprises. Si le centre ville ne présente pas trop d’intérêt, soyons francs, c’est d’avantage Grenen, la pointe où les mers se rejoignent qui a retenu toute notre attention. Le vent soufflait fort, mais c’est seulement après avoir atteint l’extrémité de terre que nous en prendrons pleinement conscience, celui-ci nous soufflant alors en pleine face, et nous glaçant davantage de minute en minute. Mais nous ne pouvions quitter cet endroit, subjugués par le spectacle qui s’offrait à nous. Une petite tribu de phoques était posée là, moitié curieux moitié méfiants de ces gens qui venaient jusque là. Pendant de longues minutes, nous avons alternativement passé du temps à les observer, respectant leur intimité, à regarder l’horizon, à saisir ces instants uniques dans ce voyage. Au moment de rebrousser chemin, nous étions heureux d’avoir pu profiter en toute simplicité de ces derniers jours, d’avoir la chance de voir tout cela, et nous sentions peu à peu notre voyage qui se terminait.

D’autres arrêts seront encore au programme avant le retour en Allemagne. Nous aurons fait un petit crochet pour apercevoir Hirtshals, le point de départ pour les magnifiques îles Féroé. On ne peut également que vous conseiller d’aller voir Aalborg, et Aarhus, ces fameuses villes peut-être moins connues dans nos contrées, un peu plus petites que Copenhague mais méritant qu’on s’y arrête. Pour faire court, Aalborg a un centre très sympa, avec beaucoup de bâtiments typiques, et d’anciennes rues préservées et très colorées, Aarhus est proche de la mer et possède quelques particularités, avec une mention spéciale pour Den Gamle By. C’est un quartier entier transformé en musée à ciel ouvert où des constructions d’un peu partout au Danemark ont été reconstituées et où des instants de vie d’antan sont rejoués pour mieux se représenter l’évolution du pays à travers les âges. Honnêtement, on a eu l’impression de pouvoir le traverser en quelques minutes, ou de pouvoir y passer des heures tant le contenu est riche et tant l’on semble pouvoir entrer dans tous les bâtiments et en scruter les moindres détails. Le tarif de 150DKK (environ 20€) vous incite davantage à y passer la journée. Il nous fallait par contre reprendre la route.

Hirtshals & Aalborg :

Aarhus :

Pour ceux intéressés par les vestiges vikings, nous ne pouvons que vous encourager à privilégier ceux encore présents en Jutland, bien plus représentatifs et conservés que ceux vus jusqu’alors. On ne peut que mentionner Lindholm Hoje, un important cimetière viking surplombant Aalborg et le centre viking près de Hobro, où l’on peut voir Fyrkat, à priori la plus ancienne forteresse circulaire danoise. En cette saison, l’accès à tous ces points remarquables était entièrement gratuit, les animations étant prévues en haute saison n’ayant alors plus lieu. Cela n’enlève en rien l’intérêt que voir ces vestiges pouvait avoir, d’autant plus qu’étants parfaitement seuls à les contempler, nous pouvions pleinement nous les approprier.

Le Jutland était finalement beaucoup plus étendu que les deux îles que nous avions parcourues, et cela, nous ne l’avions pas du tout anticipé. Nous terminerons notre séjour par un petit flop inattendu. Non loin de Aarhus, nous voulions voir l’Infinite bridge, un pont circulaire devant permettre de faire quelques photos originales et de vivre un dernier moment particulier. Au final, en y arrivant, et c’était bien là notre chance qui revenait au galop, il était en cours de démontage, et nous avions du manquer le cliché parfait de quelques heures, voir d’un ou deux jours tout au plus… C’était peut-être là le signe qu’il fallait rentrer, et c’est ce que nous avons fait…!

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