Notre deuxième réveil de ce voyage aux États-Unis sera un peu moins matinal que le premier, alors que nous étions encore en proie au jetlag et qu’à même pas six heures nous tournions déjà sans but dans notre lit. Mais, il se fera suffisamment tôt quand même pour arriver à effectuer le crochet jusqu’à Joshua Tree National Park tout en reprenant la route ensuite vers Vegas.
Joshua Tree sera notre premier parc national. Nous nous souvenons donc tout particulièrement de l’arrivée au panneau en signalant l’entrée, du poste de garde, ainsi que l’immensité surprenante du parc, probablement aussi importante que bien d’autres parcs mais que nous n’avions pas encore visités à ce moment-là. Dans le cadre de notre voyage, nous savions que plusieurs autres parcs allaient suivre cette visite, et nous avons ainsi opté pour le pass annuel America The Beautiful, nous donnant l’accès à tous les sites nationaux du roadtrip pour « seulement » 80 dollars (prix pour un véhicule et toutes les personnes circulant à l’intérieur). Sachant que l’entrée d’un parc coûte entre 20 et 30 dollars pour le véhicule, le pass est très rapidement rentabilisé. Notez également que l’argent versé permet d’entretenir les différents sites et de financer les nouvelles infrastructures. Autant dire qu’il ne faut pas vraiment hésiter si comme nous vous planifiez un roadtrip et que vous espérez que ces lieux puissent être encore aussi préservés dans les prochaines dizaines d’années… Le pass sera à présenter aux rangers à l’entrée des parcs, accompagné de votre passeport, puis accroché au rétroviseur intérieur pendant votre visite du parc. Nous terminerons cette grosse parenthèse en vous informant qu’il n’est pas forcément utile de le commander à l’avance, celui-ci pouvant facilement s’acheter sur place.

Elle, avait déjà bien travaillé le voyage, et nous avions donc une idée assez précise de ce que nous voulions voir mais aussi de ce que nous ne pouvions pas atteindre, tant en voiture qu’à pied, que ce soit à cause du temps nécessaire pour y arriver qu’en raison de la difficulté. En effet, sachez-le, si ce n’est pas déjà le cas, les parcs naturels, s’ils sont accessibles à chacun, sont également riches en activités réservées aux plus confirmés. N’hésitez ainsi pas à vous renseigner sur le niveau du parcours que vous souhaitez entreprendre avant de vous lancer dans quelque chose qui pourrait vous dépasser et devenir par conséquent dangereux.
Le plus marquant, à notre sens, c’est l’absence quasi totale de limites dans ces parcs. Si nous nous attendions à beaucoup de liberté, nous n’en imaginions probablement pas tant. A Joshua Tree, vous pouvez explorer presque chaque kilomètre carré sans barrière, sans limite autre que la nature qui vous entoure, et que les vôtres peut-être aussi… En revanche, comme dans la plupart des parcs, vous pouvez faire une croix sur un réseau suffisant pour vous épauler en cas de perte de repères. Prenez donc vos précautions sur ce que vous emportez avec vous et anticipez bien votre parcours. Si l’on vous dit tout cela, c’est parce qu’après être allés jusqu’au point le plus éloigné de notre visite du parc, Cholla Cactus Garden, nous avons laissé la voiture le temps d’un petit trail, Arch Rock Trail, sur le papier très simple et assez court en temps. Plutôt confiants au vu du chemin au départ du parking, nous n’avons pas pris la peine de nous embarrasser d’un sac, d’une bouteille d’eau, d’une carte. Ce sera la seule fois de ce voyage où nous l’aurons fait ainsi. Le trail s’est transformé en un doute sur notre chemin au bout d’une vingtaine de minutes, où nous n’apercevions toujours rien et n’avions pas encore rebroussé chemin. Alors que nous conservions notre cap, et en profitions pour faire quelques photos malgré tout, le doute s’installait, et les points de repère se faisaient plus rares. Au bout d’une quarantaine de minutes, nous apercevions un camp que nous avions croisé un peu plus tôt en voiture, et c’est donc par sécurité, sous un soleil de plomb, qu’Il fera le maximum pour retourner à la voiture le plus vite possible et reviendra la chercher Elle. Si nous avions encore des réserves, l’adrénaline et le côté désertique de cette petite escapade nous aurons vite remis les idées en place sur la façon d’aborder un parc de cette trempe.


C’est à Skull Rock que nous mangerons un morceau, encore un peu secoués par cette petite mésaventure, et nous aurons l’occasion de constater, à cet instant, de la façon dont les gens visitent ces parcs, puisqu’à cet arrêt, vous avez d’un côté le fameux rocher en forme de crâne qui attire tous les regards, et juste en face un magnifique départ de trail et à cette époque quelques animaux qui vivaient leur petite vie tranquille. Nous ne serons que très peu à avoir vu l’envers du décor à ce point du parc, et ce que nous continuerons de rechercher tout au long de ce voyage.

En retournant vers le début du parc, nous ferons quelques arrêts à de jolis points de vue, dont le superbe spot de Keys View offrant un magnifique panorama sur la vallée en contrebas, où se situe d’ailleurs Coachella, et sur les deux plus hauts sommets de Californie, San Jacinto et San Gorgonio. Vous apprendrez également que la faille de San Andreas, dont la réputation n’est plus à faire, se situe elle aussi en contrebas de ce point d’observation.

Si nous avions eu plus de temps à accorder à ce trop méconnu parc national, nous l’aurions fait, tant il est encore à notre sens préservé, avec le recul que nous avons maintenant, après avoir vécu tous ces autres parcs, bien plus prisés, avec navettes, guides, parkings, excursions. Joshua Tree a peut-être comme seul défaut de se trouver un peu excentré par rapport aux autres, et du coup délaissé par ceux voulant profiter au plus vite du Grand Canyon ou de la Monument Valley en quittant LA. Cette première parenthèse nous aura permis de comprendre un peu le fonctionnement des parcs, et d’en appréhender la liberté, la préservation et la nature omniprésentes. Ce n’était que le début de notre voyage, mais Vegas nous attendait, à des centaines de kilomètres de là. Il était donc temps de reprendre la route, et avec elle aussi, l’émerveillement, et ce sentiment dingue d’être seuls au monde. Dans ces magnifiques étendues désertiques où le moindre détail vous semble alors unique.

A l’arrivée à Vegas, alors que la nuit était tombée, nous étions comme deux fourmis arrivant dans l’immense fourmilière. Heureusement, notre porte d’entrée, l’Excalibur, était relativement isolé et accessible afin que nous puissions laisser notre voiture et nos bagages et partir plus librement explorer la cité de tous les vices. Autant vous prévenir tout de suite, Vegas plait ou ne plait pas, mais quoiqu’il arrive, elle ne vous laissera pas indifférents. Nous concernant, c’est un peu plus de négatif que de positif. Certes, la ville mérite que l’on s’y arrête au moins une fois dans sa vie, qu’on la parcoure, mais nous avons rapidement fini par nous y sentir étrangers, et la quitter dès le lendemain matin n’aura pas été si déchirant que cela. C’est assez déroutant de voir les papys et mamies qui jouent leurs économies en pyjama dès l’aube, ou d’être entourés de toutes les tentations possibles et imaginables jusqu’au bout de la nuit. A trop vouloir en faire, Vegas en perd presque jusqu’à son identité.

Mais elle parvient tout de même à vous éblouir, par les fontaines musicales du Bellagio, par ses reconstitutions de Tour Eiffel, d’Italie au Venetian, sa Statue de la Liberté, ses grandes devantures brillant de mille feux. Elle sait faire le show, ça c’est indéniable. Mais elle cristallise les inégalités, où accrocs aux jeux côtoient enterrements de vie de garçon, voyageurs de passage et amoureux venant s’unir devant Elvis. Nous nous éloignerons un peu de l’immense Strip pour aller dîner dans une ruelle presque à l’échelle humaine. Nous aurons bien évidemment tenté notre chance à une machine à sous, mais là encore, la technologie aura repris le dessus sur la magie du jeu, puisqu’un ticket aura remplacé les jetons ou les pièces aux machines à sous. Plus légers de quelques dollars, nous rejoindrons la principale artère de Vegas, pour redescendre vers notre hôtel en profitant du paysage nocturne qui s’offrait à nous, et méritait quand même qu’on y passe.





L’arrêt devant le fameux panneau d’accueil de Las Vegas se fera le lendemain matin, celui-ci se trouvant au bout du Strip. Une petite file d’attente s’était formée, où chacun respectait les voyageurs autour afin que tout le monde puisse repartir avec sa photo souvenir. Nous aurions pu demander à un Elvis matinal de nous accompagner sur le cliché, mais rien que tous les deux, c’était bien aussi, et tout aussi authentique…
